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Startup Levée de fonds

Daumet, la start-up qui vaut de l’or (blanc)

Publié le 23 février 2024|par Martin Koppe

Avec son procédé issu de la microélectronique, Daumet offre un contrôle unique au monde sur la composition et le dépôt de l’or blanc. Les alliages d’or et de tungstène élaborés par Daumet ont généré tant de commandes dans le secteur du luxe, que la start-up a récemment levé 1,2 million d’euros pour agrandir ses capacités de production.

De la paillasse des laboratoires aux vitrines des magasins les plus chics, Daumet a su franchir le pas. La start-up cultive en effet une identité mêlant deeptech et artisanat de luxe grâce à sa maîtrise unique au monde des alliages d’or. Fondée en 2016, Daumet est issue de travaux en microélectronique menés au laboratoire Albert Fert (CNRS/Thales), par Cyrile Deranlot et Albert Fert, prix Nobel de physique en 2007 pour la découverte de la magnétorésistance géante.

Ces recherches visaient à développer des composants électroniques de pointe, à la fois plus performants et plus économes en énergie, à partir d’alliages d’or et de tungstène. Le tungstène est le métal le plus dur connu et à la plus haute température de fusion, mais il a également la particularité de partager la même densité que l’or.

Les faussaires ont beaucoup utilisé le tungstène pour fabriquer de faux lingots, mais personne n’était encore parvenu à réaliser un alliage de ces deux métaux . Avec Albert Fert, nous avons conçu la première méthode pour les mélanger, afin d’économiser l’or. Le tungstène est en effet bien plus abondant et accessible, valant environ dix mille fois moins cher au kilo. ’’

Cyrile Deranlot

Fondateur et CEO de Daumet

« Les faussaires ont beaucoup utilisé le tungstène pour fabriquer de faux lingots, mais personne n’était encore parvenu à réaliser un alliage de ces deux métaux, souligne Cyrile Deranlot, fondateur et CEO de Daumet. Avec Albert Fert, nous avons conçu la première méthode pour les mélanger, afin d’économiser l’or. Le tungstène est en effet bien plus abondant et accessible, valant environ dix mille fois moins cher au kilo. » L’extraction de l’or cause également de nombreux dégâts environnementaux, comme la déforestation et la pollution des eaux et des sols, en plus des problèmes sociaux liés aux conditions de vie des mineurs.

Le procédé breveté de Daumet repose sur une technique de fabrication de couches minces dite de dépôt physique par phase vapeur (PVD). La méthode permet d’allier l’or et le tungstène en n’importe quelles proportions, ainsi que d’agencer librement les atomes métalliques afin de contrôler les propriétés de l’alliage. Cette méthode est applicable directement à toutes les machines de PVD, et peut donc être implémentée sur des chaînes de production industrielle déjà en place.

Mappemonde montrant DAUMET parmi les entreprises les plus prometteuses au monde en termes d’alliages et d’impact.

Cyrile Deranlot a valorisé cette technologie en mettant au point SpinD Gold, l’alliage d’or le plus blanc qui existe. Il a ainsi visé les marchés du luxe et de la bijouterie, qui représentent la moitié de la consommation mondiale d’or. L’obtention de lingots massifs n’étant pas encore techniquement possible, la technologie se concentre sur le dépôt d’alliages en fines couches plaquées. Daumet s’est donc spécialisé dans la dorure sur différents supports nobles, tels que le cuir.

« Pendant des millénaires, l’humanité n’a connu que deux manières de fabriquer de l’or blanc et nous en avons inventé une troisième, précise Cyrile Deranlot. Le secteur du luxe nous a très vite repérés et nous allons également concevoir, cette année, le tout premier bijou entièrement plaqué or blanc. Ce n’est pas tous les jours que l’on propose un nouveau produit sur le marché de la bijouterie, le volume d’affaire possible et les perspectives de croissance sont très importants. »

Daumet compte parmi ses clients les plus grands groupes du monde du luxe, tels que LVMH, Hermès, Kering ou encore la maison Schiaparelli. Fait rarissime pour de la deeptech, la start-up s’est d’abord développée sur son seul chiffre d’affaires d’artisan d’art. « Grâce au dépôt de fines couches d’alliages, nous offrons aux maisons de luxe d’ennoblir leurs créations, mais notre outil de production est resté trop petit par rapport à la demande, explique Cyrile Deranlot. Nous avons passé ces deux dernières années à répondre à des commandes, sans parvenir à encore toutes les satisfaire. »

Daumet a donc levé 1,2 million d’euros pour financer le développement de ses outils de production et embaucher des salariés, Cyrile Deranlot étant à la base l’unique employé. Le CNRS est entré au capital de Daumet, aux côtés de plusieurs investisseurs très impliqués dans la deeptech. Ces fonds doivent permettre de multiplier par dix les capacités de production de la start-up.

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