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Startup Santé

AIS Biotech : un leurre à base de sucre pour neutraliser le virus de la grippe

Publié le 24 mai 2023|par Jean-Sébastien Zanchi

La start-up AIS Biotech (pour Anti Infective Sugar) s’appuie sur une biotechnologie innovante, efficace, industrialisable et à faible impact environnemental, pour développer une nouvelle classe de biomédicaments anti-infectieux. Une manière prometteuse de combattre le virus de la grippe qui fait 15 000 victimes chaque année en France et jusqu’à 650 000 dans le monde.

Du sucre pour combattre la grippe. C’est l’idée surprenante, mais pourtant bien réelle, imaginée par le Centre de recherches sur les macromolécules végétales (Cermav) de Grenoble, en collaboration avec le laboratoire de virologie et pathologie humaine (VirPath) de Lyon. « L’idée vient d’Éric Samain, un ingénieur de recherche qui m’avait recrutée sur un projet de microbiologie au Cermav », explique Émeline Richard Millot, cofondatrice d’AIS Biotech, qui occupe désormais le même poste que son mentor parti depuis à la retraite.

Des années plus tard, grâce au soutien de la SATT Linksium (société d’accélération de transfert de technologie) à travers un financement de maturation et un accompagnement en incubation, un brevet sera déposé et constituera la base de Glycoflu : un leurre anti-infectieux à base de sucres complexes. « La molécule va mimer les sucres présents à la surface de nos cellules respiratoires et saturer les récepteurs du virus pour qu’il ne soit plus capable de reconnaître les sucres présents à la surface de nos cellules », détaille la chercheuse. Le procédé est efficace au point de rivaliser avec les vaccins et antiviraux utilisés actuellement contre les virus Influenza : « Surtout, notre solution est peu susceptible d’induire de résistance de la part de ces virus, comme c’est le cas avec les antiviraux », ajoute Émeline Richard Millot.

Emeline Richard Millot, Ingénieure de recherche CERMAV-CNRS, en train de cultiver des bactéries en bioréacteur.

Premiers essais précliniques concluants

 

Une efficacité qui a séduit un autre cofondateur d’AIS Biotech : Manuel Rosa-Calatrava et son équipe de VirPath, un laboratoire reconnu pour ses travaux sur les virus respiratoires ; c’est ici que sont réalisés les essais précliniques avec Glycoflu. « Après des tests concluants sur des épithéliums humains et des souris, nous lancerons un programme de recherche sur le furet qui a un tractus respiratoire identique à l’homme et présente des signes cliniques équivalents comme la fièvre et des éternuements », décrit le co-directeur de VirPath.

 

Mais un autre argument motive également Manuel Rosa-Calatrava à collaborer avec le Cermav : « Il a tout de suite été réceptif à l’aspect industrialisable de Glycoflu, confirme Émeline Richard Millot. Notre principe actif est un sucre complexe appelé sialoside produit en système bactérien cultivé dans des bioréacteurs ». Des promesses médicales et technologiques qui ont également convaincu Aurélie Juhem, cofondatrice et CEO d’AIS Biotech : « En novembre 2021, la SATT Linksium me contacte et me présente deux projets à la recherche d’une équipe organisationnelle, celui du Cermav et de VirPath m’a alors convaincue ».

 

Une biotechnologie de plate-forme adaptable à d’autres virus

 

Elle porte le projet depuis début 2022, travaille d’arrache-pied sur un plan de développement, cofonde AIS Biotech en mars 2023 et postule au concours d’innovation i-Lab de Bpifrance  : « Nous espérons obtenir un financement public, qui peut atteindre 600 000 euros afin de réaliser le développement R&D de Glycoflu ». Une somme nécessaire au lancement du long chemin de développement d’un médicament sous forme de spray nasal au coût raisonnable et à l’efficacité élevée, qui pourrait être commercialisé à l’horizon 2030.

 

« Grâce à la biotechnologie de notre société, nous avons un très fort leadership sur le marché, entre des solutions trop simplistes et peu efficaces et d’autres trop complexes à industrialiser. De plus, c’est une plate-forme qui peut être adaptée à bien d’autres pathogènes que celui de la grippe », conclut Émeline Richard Millot. Une philosophie qui n’est pas sans rappeler celle de l’ARN messager, avec le succès qu’on lui connaît.

 

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