Alors que les énergies fossiles risquent de s’épuiser avant 2050, il est aujourd’hui nécessaire de leur trouver des alternatives. La méthanisation est une manière de produire du biogaz en dégradant des déchets organiques avec des bactéries. Le problème : ce procédé est incomplet puisqu’il produit un déchet, le digestat, riche en ammoniac, une forme d’azote volatile. La future start-up Nomos développe actuellement une manière de valoriser ce digestat pour l’assainir et produire un engrais organique plus respectueux de l’environnement .
La méthanisation, bien connue, est appliquée aux fosses septiques ou pour produire du “gaz de fumier” depuis la fin du 19ème siècle. Aujourd’hui, selon les chambres d’agriculture, il existe 805 sites de méthanisation en France, qui utilisent de la biomasse agricole pour produire du biogaz. Néanmoins, ce procédé produit un déchet appelé digestat. Utilisé par les agriculteurs pour fertiliser les champs, il contient du phosphore, de la potasse et de l’ammoniac. Ce dernier est très volatile, ce qui entraîne une pollution atmosphérique et fait encourir des risques aux agriculteurs qui l’inhalent. De plus, un nouveau projet de réglementation dévoilé en 2023, le Socle Commun, prévoit de durcir les règles autour de l’utilisation du digestat comme fertilisant et de la quantité de pathogènes et métaux lourds qu’il contient. Les agriculteurs craignent ainsi qu’un tiers des digestat actuellement valorisés soit incinéré.
Dans ce contexte, la future start-up Nomos a un concept simple : développer un bioréacteur qui, par fermentation, raffinera le digestat pour fabriquer un engrais dont les nutriments ne seront plus volatiles mais directement absorbables par la plante. Ce bioréacteur purifiera également le digestat afin d’éliminer les pathogènes. L’engrais ainsi produit sera plus respectueux de l’environnement et de ses utilisateurs, en accord avec les réglementations du Socle Commun.
La future start-up Nomos a un concept simple : développer un bioréacteur qui, par fermentation, raffinera le digestat pour fabriquer un engrais dont les nutriments ne seront plus volatiles mais directement absorbables par la plante. ’’
Les engrais synthétiques accumulent les défauts. Outre leur caractère polluant, ils sont aujourd’hui importés à plus 75% par l’Europe ; leur disponibilité conditionne la production agricole française. Or, entre l’instabilité internationale – comme avec la guerre en Ukraine – et la volatilité du prix des ressources fossiles dont ils sont issus, les engrais artificiels représentent un coût important pour les agriculteurs qui épandent une à deux fois par an.
Avec leur bioréacteur, Nomos souhaite fournir aux petits et moyens méthaniseurs un moyen d’optimiser et purifier le digestat. Avec, à la clé, une réduction de la pollution, mais aussi de leurs factures en engrais synthétiques. Les agriculteurs pourront ainsi être plus autonomes dans leur gestion de la fertilisation et se reposer le moins possible sur les engrais artificiels. Selon la start-up, le bioréacteur pourrait être rentabilisé 5 à 10 ans après l’achat.
Louis Cornette de Saint-Cyr est à la base de ce concept innovant. Ingénieur en biotechnologies passionné de micro-organismes, il fait un doctorat à l’Institut Européen des Membranes (IEM*) pour développer et optimiser un procédé de production de biocarburant à partir de bactéries consommant du CO2 comme source de carbone. A la fin de sa thèse, fasciné par la méthanisation, il construit son propre laboratoire dans sa cave et signe une collaboration de recherche avec deux Enseignants-chercheurs de l’IEM spécialisé e bioprocédés, Laurence Soussan et Geoffroy Lesage. Il y développe un procédé pour valoriser le digestat de méthanisation, de sorte à produire un engrais biologique et un milieu de culture pour des micro-algues. Louis parvient à cultiver des micro-algues avec le digestat purifié, démontrant ainsi l’efficacité de son engrais. Il décide alors de fonder la start-up Nomos. Il est suivi depuis janvier 2023 par l’incubateur Initium de l’Université de Montpellier, ce qui lui a permis de remporter le prix i-PhD de BPI France ainsi que le Booster Innovation de l’Université de Montpellier.
Actuellement, Nomos est encore au stade de développement et emploie trois personnes à plein temps : Darwin Wu, futur CEO, Louis Cornette de Saint Cyr, futur cofondateur et conseiller technique, et un ingénieur en bio procédés. Ils sont accompagnés par l’IEM (Institut européen des membranes*), l’Université de Montpellier, le programme de prématuration et le programme RISE du CNRS, le programme Farm’InnLab d’AgroParisTech et la BPI France (Banque Populaire d’Investissement).
Les bioréacteurs sont en cours de développement en laboratoire. Des premiers tests en conditions contrôlées ont démontré l’intérêt agronomique du digestat nitrifié et des tests en conditions représentatives seront réalisés au cours de l’année 2025 pour prouver l’efficacité du digestat nitrifié sur des micro-parcelles de blé et colza. Darwin et Louis espèrent créer la start-up courant 2025 ou début 2026.
*CNRS/ENSC Montpellier/Université de Montpellier
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