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Startup Santé diagnostique

Un système complémentaire à l’IRM pour mieux détecter la fibrose du foie

Publié le 25 septembre 2024|par Jean-Sébastien Zanchi

L’élastographie par résonance magnétique améliore considérablement la détection des tissus durs, typiques de cette maladie. Brevetée notamment par le CNRS, cette nouvelle technologie ouvre également de nombreuses possibilités pour un diagnostic plus précis des tumeurs et de leur évolution.

C’est une innovation qui promet de révolutionner le diagnostic de la fibrose du foie. L’élastographie par résonance magnétique (ERM), disponible dès novembre 2024 aux États-Unis et mi-2025 dans l’Union européenne, offre des résultats plus précis que la méthode actuelle d’élastographie impulsionnelle, basée sur des ondes sonores. Elle a été développée par les équipes de Ralph Sinkus, directeur de recherche au CNRS rattaché Laboratoire de Recherche Vasculaire Translationnelle (Inserm/Université Paris Diderot/Université Paris Nord) et titulaire de la chaire d’ingénierie biomédicale au King’s College de Londres.

« Pour détecter les tissus plus durs caractéristiques de la fibrose du foie, l’élastographie analyse la propagation des ondes mécaniques. Celles-ci réagissent différemment en fonction des tissus rencontrés, qu’ils soient durs ou plus mous, explique le scientifique. La méthode actuelle repose sur l’émission d’ondes sonores via une membrane, mais le signal n’est pas linéaire, contient des interférences et est donc moins précis. Notre technologie utilise une masse excentrique, semblable au vibreur d’un smartphone, logée dans un boîtier de la taille d’un paquet de cigarettes, appliqué contre la cage thoracique du patient. Cela permet d’obtenir des vibrations d’une précision et d’une puissance bien supérieures, et donc un diagnostic beaucoup plus fiable. »

Entre le CNRS et le King’s College

Cette idée, simple en théorie, mais extrêmement complexe à concrétiser, est née lors d’une discussion informelle avec son équipe à Londres : « De 2013 à 2018, le CNRS m’a permis de travailler en détachement au King’s College London. C’est une opportunité formidable, une liberté unique offerte aux chercheurs français ». Grâce aux moyens considérables de l’université londonienne et à une collaboration avec des industriels, il a pu développer la partie matérielle de la solution.

« À mon retour en 2018, nous avons poursuivi le projet, notamment en développant la partie logicielle en France, se souvient-il. Le soutien de notre projet européen Horizon 2020 (FORCE), obtenu en 2016, nous a offert une visibilité et des moyens financiers pour tester et valider notre système dans douze pays. En plus de la validation scientifique, cet appui a encouragé les industriels à s’intéresser à notre technologie, tout en assurant des perspectives d’avenir à l’équipe. »

Une technologie quatre fois moins coûteuse que l’actuelle

La SATT Erganeo a coordonné le projet entre la France (brevets CNRS, INSERM, Université Paris-Cité et Université Sorbonne Paris Nord), l’Angleterre et les États-Unis. C’est finalement la société américaine Quality Electrodynamics (QED) qui a signé l’accord de licence pour exploiter la technologie. QED collabore depuis longtemps avec Siemens, leader mondial des systèmes cliniques IRM. Le procédé, commercialisé sous le nom de SureWave, est un accessoire mobile compatible avec les IRM existants, d’abord ceux de Siemens, puis avec ceux d’autres fabricants comme Philips et Canon.

En plus de sa précision, le système présente deux avantages majeurs, explique Ralph Sinkus.

D'abord, SureWare est beaucoup moins cher que les solutions actuelles. Ensuite, sa mobilité permet de l’utiliser sur plusieurs appareils IRM. Par exemple, à l’hôpital de Francfort, qui possède six IRM, un seul SureWave suffira et sera partagé entre les appareils pour détecter la fibrose du foie. ’’

Ralph Sinkus

directeur de recherche au CNRS - à l'origine de SureWare

Mais cette maladie n’est pas la seule que l’ERM pourra diagnostiquer :

« Le CNRS m’a permis d’installer mon équipe de physique à l’hôpital Bichat, et l’année prochaine, elle fusionnera avec les équipes de radiologie, pathologie et médecine nucléaire de l’hôpital Beaujon. La nouvelle équipe comptera 27 chercheurs au sein du Centre de recherche sur l’inflammation de l’Inserm, tout en restant rattachée au CNRS, via le dispositif d’équipe de recherche labellisée se réjouit Ralph Sinkus. Notre ambition est de comprendre les liens entre les changements microscopiques dans le cadre des pathologies ou des réponses aux traitements et leurs équivalents cliniques, en utilisant de nouveaux biomarqueurs d’imagerie ».

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