Finaliste du prix Innovation de l’année à VivaTech 2025, la start-up LumiSync veut transformer l’architecture des centres de données avec une technologie photonique issue du CNRS. Objectif : des échanges de données ultra-rapides, 1000 fois moins énergivores. Une ambition qui s’appuie sur un ancrage scientifique fort et un début de reconnaissance internationale.
Parmi les cinq finalistes du prestigieux prix de l’Innovation de l’année remis lors du salon VivaTech 2025, LumiSync faisait figure d’outsider. Jeune, en cours de première levée de fonds, la start-up se confrontait à des entreprises déjà établies, avec des millions d’euros levés. Et pourtant, elle a convaincu.
« C’est une vraie reconnaissance : malgré notre jeunesse, nous avons réussi à faire entendre la pertinence et le potentiel de notre technologie face à des start-up beaucoup plus avancées », confie Alexis Jonville, CEO et cofondateur de LumiSync. La clé de cette reconnaissance ? Une technologie de synchronisation photonique capable de révolutionner le fonctionnement interne des data centers.
La lumière pour réduire l’empreinte énergétique du numérique
Aujourd’hui, les centres de données — piliers de l’économie numérique, plus encore depuis l’avènement des IA génératives — consomment d’immenses quantités d’énergie, notamment pour assurer le traitement et la synchronisation des données à haute fréquence. LumiSync propose une alternative radicale : remplacer certaines fonctions électroniques internes par des circuits photoniques, c’est-à-dire des faisceaux de lumière circulant dans des fibres optiques.
« Notre promesse technologique, c’est de transmettre et de traiter l’information à l’intérieur même des serveurs à la vitesse de la lumière, avec une consommation énergétique réduite d’un facteur 1000 », explique Alexis Jonville. Alors que l’optique est aujourd’hui cantonnée à la transmission longue distance (entre continents ou pour les réseaux télécoms), LumiSync entend l’intégrer au cœur même des architectures électroniques.
Les premiers cas d’usage visés sont les data centers, mais les applications ne s’arrêtent pas là. Réseaux de télécom nouvelle génération (6G et suivants), communication optique satellite-sol ou même ordinateurs quantiques sont autant de domaines potentiellement intéressés. Pour l’heure, LumiSync se concentre sur l’intégration de sa technologie dans des serveurs en partenariat avec des industriels. « Nous visons un prototype industriel d’ici fin 2026 et une première production à l’échelle dès 2028 », précise Alexis Jonville.
Un retour très prometteur de VivaTech
Au-delà de la distinction reçue, la participation à VivaTech a été particulièrement dense pour LumiSync. Accueillie sur plusieurs stands dont ceux du CNRS et de l’université Paris-Saclay, l’équipe a pu rencontrer partenaires industriels, investisseurs et grands comptes internationaux.
« On a eu beaucoup d’interactions très concrètes, notamment avec des délégations étrangères et des acteurs taïwanais. Plusieurs contacts noués sur place ont déjà débouché sur des réunions de travail, dont une avec un industriel majeur », témoigne Alexis Jonville. Au-delà du business, le salon a aussi permis de sensibiliser un public plus large aux enjeux du numérique responsable : « Pour démocratiser des technologies comme la nôtre, il faut aussi faire émerger une demande sociétale, comme ce fut le cas pour la fibre optique ».
Une technologie née au cœur du CNRS
Si LumiSync a émergé récemment sur la scène deeptech, ses fondations sont solidement ancrées dans le monde académique. L’innovation photonique portée par la start-up est issue des recherches menées au C2N (Centre de nanosciences et de nanotechnologies, CNRS/université Paris-Saclay/université Paris-Cité). Et cette origine académique reste au cœur du fonctionnement de la société.
« C’est un environnement crucial pour nous. Reproduire la qualité des infrastructures du C2N nous coûterait des millions. Nous y menons encore notre R&D, en lien étroit avec les équipes scientifiques », souligne Alexis Jonville. L’un des cofondateurs, Rémy Braive, est lui-même enseignant-chercheur à l’université Paris-Cité, tout en assumant le rôle de directeur scientifique de LumiSync.
Ce lien fort avec la recherche a permis à la start-up de bénéficier très tôt d’un accompagnement structurant, via le programme RISE et un financement de prématuration, ainsi qu’un appui décisif à travers le dispositif d’entrepreneur en résidence, qui a permis à Alexis Jonville de rejoindre le projet dès ses débuts.
« Si ce dispositif n’avait pas existé, je n’aurais jamais rencontré l’équipe ni pu construire cette relation de confiance indispensable pour me lancer dans l’aventure », raconte-t-il. Cette incubation douce, articulée entre recherche publique et volonté entrepreneuriale, a permis de passer d’un concept prometteur à une start-up structurée.
Structurer une offre industrielle crédible
L’un des défis de LumiSync aujourd’hui est de transformer cette avancée technologique en un produit intégrable à grande échelle. Car la start-up ne fabrique pas des serveurs en propre, mais conçoit des briques technologiques à intégrer dans les architectures existantes. Il faut donc comprendre finement les besoins des industriels, adapter les solutions à leur environnement, et prouver leur efficacité.
« Le plus grand défi, c’est de démontrer que notre technologie résout un problème très concret, pour des gens qui ont un besoin très réel. Le reste — financement, industrialisation, RH — découle de cette démonstration », insiste Alexis Jonville. C’est donc dans l’écoute du marché, l’agilité technique et l’exécution rapide que se joue désormais la trajectoire de la jeune pousse.
Alexis Jonville (PDG) et Giuseppe Modica (directeur technique) ont cofondé Lumisync avec le chercheur Rémi Braive / crédits : 21ST BY CENTRALE SUPÉLEC
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