Le laboratoire Pacte et ses partenaires européens ont reçu le Prix européen d’innovation de la recherche sur la sécurité pour AinoAid, un outil numérique destiné aux victimes de violences conjugales. Conçu dans le cadre du projet IMPROVE, ce chatbot multilingue associe rigueur scientifique, participation des survivants et expertise de terrain. Une reconnaissance majeure pour une initiative où le CNRS joue un rôle clé.
« C’est d’abord une reconnaissance, mais aussi un changement d’horizon », confie Margarita Vassileva, ingénieure de recherche au laboratoire Pacte (CNRS/Université Grenoble Alpes/Sciences Po Grenoble). Avec son collègue Thierry Delpeuch, chargé de recherche au CNRS, elle a contribué au développement d’AinoAid (jeu de mot avec « I know aid », « je sais aider » en anglais), un chatbot innovant qui vient d’être récompensé par la Commission européenne. Le Prix européen d’innovation de la recherche sur la sécurité salue non seulement la pertinence scientifique du projet, mais aussi son impact social immédiat auprès des personnes concernées par les violences au sein du couple.
L’attribution du Prix européen d’innovation a eu un effet instantané. « Nous avions déjà beaucoup travaillé pour faire connaître l’outil, en mobilisant la presse, les associations, les hôpitaux… Mais le prix a boosté sa diffusion », témoigne Margarita Vassileva. Cette distinction renforce la légitimité d’AinoAid auprès des acteurs institutionnels et des décideurs publics, ouvrant la voie à un déploiement plus large en Europe.
AinoAid est né dans le cadre du projet européen IMPROVE, financé par la Commission européenne et auquel ont aussi participé François Bonnet et Thierry Bontems, respectivement directeur de recherche et ingénieur de recherche CNRS. « Il nous a permis de travailler sur les politiques publiques et sur la mise à disposition d’outils concrets pour les professionnels, ainsi que sur la prise en charge des victimes et des agresseurs », explique Margarita Vassileva. Pour ces derniers, il s’agit de mettre en place un suivi adapté et de les inclure dans la chaîne de prise en charge globale. Si l’agresseur n’est pas pris en compte dans le processus (par exemple par des dispositifs de sanction, de suivi ou de réhabilitation), les violences risquent en effet de se reproduire.
Le chatbot a ainsi été conçu pour répondre à trois objectifs principaux : mieux comprendre les facteurs qui amènent les victimes à solliciter ou non les institutions, recueillir leurs expériences en matière de prise en charge et mettre en lumière les situations de vulnérabilité particulières en plus de celles déjà bien documentées des femmes. Pour cela, plus de cent entretiens ont été réalisés à l’échelle européenne, avec des personnes âgées, des hommes, des migrants, des membres de la communauté LGBTQ+, des habitants de zones rurales ou encore des personnes en situation de handicap. « Ce focus sur les vulnérabilités nous a permis de cartographier les besoins réels, de voir plus clairement ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas dans les dispositifs d’accompagnement », souligne la chercheuse. De quoi donner donner une visibilité accrue à d’autres profils de victimes souvent négligés tout en conservant les femmes au cœur du dispositif.
À partir de ces constats, l’équipe a imaginé un outil complémentaire aux dispositifs existants : un chatbot multilingue, simple d’utilisation et disponible en continu. « On peut consulter AinoAid n’importe où, à n’importe quelle heure, y compris dans un lieu sûr, avec son téléphone. C’est une aide immédiate, discrète et sécurisée », précise Margarita Vassileva. Les numéros d’urgence, les permanences téléphoniques ou les associations assurent une aide humaine directe. AinoAid, lui, intervient en amont ou en parallèle, pour informer, orienter et guider sans se substituer aux dispositifs existants. Le chatbot est à la fois un outil d’information, en fournissant des contenus fiables et adaptés aux besoins des victimes et un outil de communication, en offrant un dialogue empathique, anonyme et sécurisé accessible à tout moment.
L’outil ne se contente pas de délivrer des informations génériques : il s’appuie sur une base de données constamment enrichie, qui permet d’orienter rapidement vers des associations ou des services locaux, jusque dans des zones isolées. « C’est une information qui ne se périme pas, au contraire, elle s’améliore avec le temps », insiste la chercheuse. Le système linguistique, adossé à une solution de Microsoft, rend le chatbot accessible dans de nombreuses langues, avec une traduction adaptée au contexte local.
Dans un domaine aussi sensible, la sécurité a été un enjeu central. « L’anonymat est garanti de A à Z : pas de nom, pas d’adresse électronique, pas de numéro de téléphone. Rien n’est conservé », rappelle Margarita Vassileva. Un bouton de sortie rapide permet de quitter immédiatement l’interface sans laisser de traces, une précaution indispensable pour protéger les utilisatrices et utilisateurs en situation de danger.
On peut consulter AinoAid n’importe où, à n’importe quelle heure, y compris dans un lieu sûr, avec son téléphone. C’est une aide immédiate, discrète et sécurisée. ’’
Margarita Vassileva, ingénieure de recherche CNRS au laboratoire Pacte.
Pour l’équipe du laboratoire Pacte, l’appui du CNRS a été déterminant. « Le soutien du CNRS est un gage de sérieux et de légitimité. À chaque présentation, il nous ouvrait des portes et montrait l’engagement scientifique derrière le projet », insiste la chercheuse. Grâce à cette reconnaissance institutionnelle, l’équipe a pu intégrer des réseaux pluridisciplinaires, fonder une revue scientifique sur les violences conjugales et mettre en place un diplôme universitaire dédié aux politiques publiques de lutte contre ce fléau.
Au-delà de l’aide directe aux victimes, AinoAid s’impose désormais comme un outil de formation. Il est utilisé auprès d’étudiants en médecine, de sages-femmes ou de professionnels des secteurs social et juridique pour simuler des situations réelles et sensibiliser aux enjeux spécifiques des violences conjugales. L’équipe travaille également à l’enrichissement continu de la plateforme et à son intégration dans des dispositifs universitaires et associatifs.
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