Sensome fabrique le plus petit détecteur de tissus biologiques du monde, avec seulement deux millimètres de longueur et une dizaine de microns d’épaisseur. L’appareil a déjà fait ses preuves dans le traitement des caillots sanguins dans le cadre d’un AVC, et réussit à présent à identifier de cellules cancéreuses.
Fondée en 2014, la start-up medtech Sensome veut transformer le matériel médical invasif en de véritables appareils connectés. « Lors des interventions mini-invasives, les médecins n’ont pas toujours toutes les informations et il est difficile de voir l’intérieur du corps humain avec des méthodes d’imagerie, explique Franz Bozsak, CEO, cofondateur de Sensome et ancien chercheur au Laboratoire d’hydrodynamique de l’École polytechnique (LadHyX, CNRS/École polytechnique). Ces méthodes n’arrivent pas à révéler toutes les informations clés afin que le médecin puisse faire de meilleurs choix. L’idée derrière Sensome est de développer des technologies permettant aux praticiens d’avoir davantage de nouvelles données sur son patient lors des interventions mini-invasives, et donc d’améliorer les chances de succès de l’intervention. »
Pour y arriver, Sensome mise sur la bioimpédance, aussi appelée la spectrométrie d’impédance appliquée aux tissus biologiques. Cette technique est basée sur le fait que les tissus biologiques répondent de façon spécifique à un léger courant alternatif électrique. Si tout un spectre de fréquences leur est appliqué, il est possible d’identifier les tissus en question. Cependant, il faut utiliser un impédancemètre, un appareil de la taille d’une boîte à chaussures de mesure nécessitant de gros câbles pour que le signal ne se perde pas, si bien qu’il n’est pas employable en pleine opération.
Nous nous sommes dit très tôt qu’il fallait miniaturiser cette machine pour qu’elle puisse être utilisée en intervention chirurgicale. Tout le monde nous affirmait que c’était techniquement impossible, mais nous avons réussi à développer le plus petit capteur d’impédance du monde avec Bruno Carreel, notre premier directeur de la technologie. ’’
Franz Bozsak, CEO, cofondateur de Sensome et ancien chercheur au Laboratoire d’hydrodynamique de l’École polytechnique.
Le système, nommé Clotild, est un guide connecté neurovasculaire qui intègre un capteur qui mesure deux millimètres de long et une dizaine de microns d’épaisseur. Plus petit détecteur de tissus biologique du monde, il a d’abord été appliqué à la thrombectomie mécanique, c’est-à-dire aux opérations qui retirent mécaniquement, plutôt que chimiquement, les caillots sanguins qui bloquent les artères du cerveau lors d’un AVC.
« Lors de cette intervention, les chirurgiens visualisent les vaisseaux sanguins par angiographie, une technique d’imagerie en niveaux de gris qui ne permet pas de savoir si une artère est bouchée par un caillot ou si elle a un problème d’une autre nature, précise Franz Bozsak. Notre capteur est si petit qu’il s’insère dans un guide mécanique ressemblant aux guides que les médecins utilisent déjà, et qui permet d’identifier les caillots sur place. C’est d’ailleurs dans la philosophie de Sensome de s’intégrer dans le workflow des praticiens, sans leur demander d’actes et d’outils supplémentaires par rapport à ce qu’ils utilisent déjà. » Un premier essai clinique a été conclu avec succès l’an dernier et des tests ont également été menés pour les occlusions survenant dans les jambes, et qui peuvent mener à des amputations.
Dans une étude publiée cet été dans la prestigieuse revue Science Advances, des chercheurs de Sensome, du LadHyX et du Centre de nanosciences et nanotechnologies (C2N, CNRS/Université Paris-Saclay) ont prouvé que leur système de bioimpédance permettait également de surveiller, de manière non invasive, la dynamique spatio-temporelle des cellules impliquées dans la progression du cancer. La capacité à détecter ainsi des cellules cancéreuses est particulièrement intéressante pour les biopsies du cancer du poumon.
Lors de ces interventions, les chirurgiens utilisent un bronchoscope et des sondes d’imagerie ultrason pour accéder au nodule sur lequel faire la biopsie. Une fois au bon endroit, ils retirent leurs moyens d’imagerie et prélèvent des tissus avec une aiguille. Ils déterminent ensuite si les cellules sont cancéreuses ou non et quel traitement envisager pour le patient. « Nous voulons amener notre capteur à travers l’aiguille afin de savoir si l’on incise bien au bon endroit, avance Franz Bozsak. Nous avons déjà mené deux études cliniques, l’an dernier et ce printemps, nous allons prochainement en présenter les résultats. »
Sensome mène actuellement une levée de fonds pour, dans un premier temps, amener Clotild sur le marché européen, puis américain et japonais, dans les cinq prochaines années. La startup collabore déjà avec les entreprises nipponnes Asahi Intecc, pour la fabrication de Clotild, et Cosmotec pour sa distribution au Japon, mais elle cherche également à construire de nouveaux partenariats industriels pour créer des dispositifs connectés, notamment pour le volet oncologie.
Capteur © Sensome
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